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Des projets pour revaloriser les sources bruxelloises
Un inventaire, et des sources à réhabiliter
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| Source du Doolegt (Evere) © H. Welens |
Depuis plusieurs années, Coordination Senne œuvre de diverses manières pour que les sources bruxelloises soient mieux reconnues et protégées. Le point de départ de ce travail fut un constat: en 2016, seules 21 sources étaient recensées sur les cartes officielles, alors que leur nombre devait être clairement plus élevé. Depuis, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts: nous avons, à ce jour, recensé plus de 200 sources! Les données de localisation ont bien évidemment été transmises à Bruxelles Environnement (gestionnaire du maillage bleu) qui a replacé ces sources sur ses propres cartes.
Ce chiffre de 200 sources peut paraître important, mais il reste probablement assez faible par rapport au nombre de sources que comptait jadis notre région, avant son urbanisation massive. D’où l’importance de protéger et de réhabiliter ce petit patrimoine bleu qui reste fragile. Si la majorité des sources occupe des espaces verts pour la plupart protégés, l’existence de certaines d’entre elles reste précaire, singulièrement dans des espaces urbanisés où elles sont oubliées, cachées, délaissées, polluées, menacées même. L’eau de plusieurs d’entre elles finit par ailleurs sa course à l’égout, au lieu d’alimenter le maillage bleu bruxellois (ruisseaux, étangs, …).
Le projet herbronnen.ressources
En décembre 2022, trois jeunes urbanistes ayant eu vent de cet inventaire et de l’existence de ces sources dépréciées, prirent contact avec notre association dans le cadre d’un appel à projet du Label-BMA (Bouwmeester Maître Architecte) visant à soutenir des initiatives citoyennes innovantes. Suite à cette rencontre, Coordination Senne prépara une liste détaillée de 25 sources se situant pour la plupart en milieu urbain, pour lesquelles des actions de revalorisation pouvaient être entreprises. La liste leur fut envoyée afin qu’ils puissent mieux préparer et préciser leur projet intitulé herbronnen.ressources, qui début 2023 sera accepté par le Label BMA. Ce projet avait pour ambition de remettre en valeur des sources dévalorisées, afin qu’elles regagnent la place qu’elles méritent dans l’espace public, mais aussi pour reconnecter les habitants avec ces petits points d’eau un peu oubliés.
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| Source du ‘Marly’ (NOH) © H. Welens |
Dans un premier temps, de cette liste de 25 sources, 8 furent sélectionnées: la source du ‘Marly’ (dont l’eau s’écoule sur la voirie), la source ‘Saint-Pierre’ (oubliée dans le débarras d’une école), la source Sainte-Agathe (située sous une chapelle), la source ‘Pacific’ (dissimulée dans un parking souterrain), la source du Calvaire (cachée à l’arrière d’appartements), la source du Broebelaer (située dans le parc Felix-Haps), les sources du Elsbeek (dans un parc de Saint-Gilles) et la source de l’école du Centre (localisée dans l’espace vert d’une l’école). Cette liste fut complétée par deux sources disparues, dont l’eau sourde encore probablement sous le bitume: la source Saint-Guidon à Anderlecht et la source Den Blauwen Bak à Evere. Il est à noter que l’eau de ces 10 sources aboutit dans le réseau d’égout. Le choix se porta finalement sur 3 sources: la source ‘Pacific’ (Saint-Josse), la source du Broebelaer (Etterbeek) et les sources du Elsbeek (Saint-Gilles).
Happening à Saint-Josse
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| © Re-source / Herbront |
La source ‘Pacific’ se trouve dans le parking sous-terrain d’un immeuble à appartements dénommé ‘Pacific’, en face de l’église et au cœur d’un quartier très dense de Saint-Josse. L’eau provenant de l’aquifère y est récoltée par une longue rigole, et est ensuite pompée pour être envoyée à l’égout, … afin d’éviter que le parking ne soit inondé! Au total, ce sont +/- 43.000 litres d’eau claire qui chaque jour sont rejetées à l’égout, où elle se mélangent aux eaux usées.
L’espace d’un week-end d’octobre, une partie de cette eau de source fut, via une petite pompe et un tuyau d’arrosage, amenée jusqu’à la place Saint-Josse pour remplir un étang artificiel aménagé de façon temporaire par l’équipe du projet herbronnen.ressources. Des arbustes furent également installés autour de la petite pièce d’eau, ainsi que des chaises et une table avec boissons et biscuits, afin d’accueillir les habitants du quartier dans une ambiance conviviale (VIDEO). Cet espace de rencontre permit de nombreux échanges avec les citoyens. Ces derniers furent évidemment surpris de découvrir l’existence de cette eau de source.
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| L’équipe du projet Re-source |
Un habitant profita de l’occasion pour signaler la présence d’autres sources dans les caves de trois maisons du quartier. Des discussions s’engagèrent aussi par rapport à la valorisation possible de cette eau dans le futur: la création et l’alimentation d’une petite rivière urbaine dans ce quartier totalement urbanisé (où le Maelbeek ne s’écoule plus depuis bien longtemps), l’alimentation d’un bassin ornemental et d’une fontaine sur la place, ou encore l’utilisation de cette eau par la commune pour l’arrosage des plantes et le nettoyage des voiries?
Saint Josse, ermite breton du 7ème siècle et saint patron de la commune, n’aurait en tous cas pas désavoué cette initiative, lui qui, selon la légende, fit jaillir deux sources abondantes en frappant le sol à l’aide de son bâton! Un autre clin d’œil de l’histoire à ce petit projet est la présence autrefois, à quelques dizaines de mètres seulement de l’immeuble Pacific, d’une machine hydraulique qui permit, durant 250 ans, de remonter les eaux des sources du Broebelaer pour alimenter le palais de Coudenberg! Cette même machine servit d’ailleurs (indirectement) de modèle pour la construction, sous le règne du roi Louis XIV, d’une impressionnante machine hydraulique remontant les eaux de la Seine jusqu’aux jardins de Versailles!
D’autres réalisations à Bruxelles
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| Parc Pierre Paulus (Saint-Gilles) © H. Welens |
Aujourd’hui, les eaux de la source du Broebelaer s’en vont malheureusement à l’égout après s’être écoulées sur quelques mètres dans le jardin Felix Haps, à Etterbeek. En mars, un panneau d’information y sera placé dans le cadre du projet Re-Source, afin de sensibiliser les promeneurs à la réalité du rejet des eaux de la source dans l’égout. Un compteur sera également installé, indiquant en temps réel le volume d’eau de la source du Broebelaer s’en allant malheureusement rejoindre les eaux usées. Un panneau d’information et un compteur seront également placés au parc Pierre Paulus à Saint-Gilles, où l’eau de sept sources qui alimentent abondement un étang (et jadis le Elsbeek) aboutissent également dans un collecteur.
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| Source reconnectée (Neerpede) |
Ces dernières années, des communes bruxelloises sensibles à cette problématique, ont elles concrétisé des projets visant à revaloriser des eaux de source, de façon pérenne cette fois. A Neerpede par exemple, avec deux sources dont l’eau s’écoulaient depuis longtemps dans un caniveau, avant de disparaitre dans le collecteur. Depuis 2021, à l’initiative de la commune d’Anderlecht, deux petites conduites passant sous la route permettent à cette eau de rejoindre à nouveau le Neerpedebeek, qui coule parallèlement à la voirie. Une autre source située à côté d’une ferme, toujours à Neerpede, devrait bientôt être déconnectée de l’égout du quartier pour rejoindre le ruisseau, grâce à la création d’un long fossé. De son côté, la commune d’Uccle a également reconnecté plusieurs sources aux ruisseaux, étangs et marais de la vallée du Geleytsbeek. A Forest, la commune mène un projet visant à retrouver et à remettre à ciel ouvert des sources disparues, enfouies avec le ruisseau qu’elles alimentaient, lors de l’urbanisation : les sources du Zandbeek et les sources du Beukenberg.
Tous ces projets positifs vont dans le sens d’une remise à l’honneur des sources bruxelloises, à rebours de pratiques anciennes qui voyaient, dans ces eaux de sources, davantage un déchet à évacuer rapidement dans les conduites plutôt qu’un patrimoine à préserver pour maintenir la présence de l’eau dans la ville.
Janvier 2024 - Coordination Senne
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