Journal de la Senne n° 36 | décembre 2024
   
  Le gouvernement flamand réduit de moitié le budget du plan de protection
de l'eau 'Blue Deal', ce qui suscite des critiques

Ce texte est une version traduite d’un article de Vincent Merckx, publié par VRT NWS: 'Vlaamse regering halveert budget voor waterbeschermingsplan Blue Deal en oogst daarmee kritiek', 01/10/2024.

Le nouveau gouvernement flamand réserve 285 millions d'euros au Blue Deal, le plan visant à rendre la Flandre plus résistante aux inondations et aux sécheresses. C'est deux fois moins que l’investissement du gouvernement précédent. De plus, une partie de cet argent est consacrée à l'alimentation à quai du port d'Anvers et non à la protection de l'eau. Le gouvernement précédent présentait encore le 'Blue Deal' comme un plan à long terme mais il semble qu'il n'en reste plus grand-chose.


Moins de deux semaines après que des trombes d'eau au-dessus de l'Europe de l'Est aient fait 22 victimes, le gouvernement flamand réduit de moitié le budget du 'Blue Deal'. Le gouvernement veut dépenser 285 millions d'euros jusqu'en 2029 pour ce plan, qui devrait contribuer à garantir la résilience de la Flandre en matière d'eau.

Le budget publié hier par le nouveau gouvernement flamand montre également que les investissements seront d’un faible niveau pour les deux prochaines années. En 2025 et 2026, 14 millions d'euros seront alloués. Les années suivantes, ce montant passera à 54 millions en 2027, 74 millions en 2028 et 129 millions en 2029. Il n'est pas encore clair si cette augmentation est également liée à des projets concrets.

Cependant, le précédent gouvernement flamand disposait encore de 500 millions d'euros pour le Blue Deal. La majeure partie de cette somme, 343 millions, provenait des caisses du 'Plan de résilience flamand' (Vlaamse Veerkrachtplan), financé par des fonds de relance européens.

Le 'Blue Deal', l'un des fleurons de la précédente ministre de l'environnement, Zuhal Demir (N-VA), a été salué par les experts de l'eau et les associations de protection de la nature.

Ces derniers estimaient qu’il y avait enfin un plan clair visant à garantir une plus grande disponibilité de l'eau pendant les périodes sèches et à donner plus d'espace à l'eau pendant les périodes humides. Il y avait toutefois encore beaucoup de travail à accomplir, semblait-il déjà à l'époque.

La législature précédente avait donné le feu vert mais il s'agissait encore largement d'un patchwork de projets pilotes. La ministre Demir elle-même s'en est rendue compte. Le décret 'Blue Deal' était censé garantir que les gouvernements suivants s'y attelleraient également. L’été dernier, on disait encore que "nous devrons maintenir ces efforts pendant 10 à 15 ans avant d'en voir les effets".

Les pieds au sec

 
 
 
Mais beaucoup d'argent ne sera donc pas alloué à ces efforts dans les années à venir. "C'est un Blue Deal sans budget", conclut l'hydrologue Patrick Willems (KU Leuven), cofondateur du plan.

"Avec seulement 14 millions d'euros par an, on ne peut rien faire de nouveau, juste payer les factures courantes et faire quelques travaux d'entretien. On ne peut pas mettre en œuvre de nouvelles solutions structurelles avec cela. Il faudrait au moins 250 à 300 millions d'euros par an. Les inondations et les sécheresses de ces dernières années ont pourtant une fois de plus montré clairement que nous devons augmenter les investissements et non les réduire."

Natuurpunt est plus direct: "Le gouvernement flamand s'attaque au Blue Deal sans faire dans la demi-mesure", estime Robin Verachtert, chargé de mission. "Alors que nous avons dû déplorer 39 morts climatiques belges au cours de la législature précédente ( inondations de 2021, ndlr) et que nous avons encore subi de graves dégâts dans le Westhoek l'année dernière."

"Cela semblait être le bon moment pour débloquer le budget et continuer sur le bon élan du Blue Deal. Il s'agit d'argent de protection pour garantir des pieds au sec à nos citoyens dans une Flandre très sensible à l'eau."

Des bateaux propres

Il convient également de noter que les investissements pour l’alimentation à quai dans le port d'Anvers sont inclus dans le budget du Blue Deal. Ce projet permet de rendre l'électricité utilisée par les navires plus verte.

Les navires à quai peuvent ainsi être raccordés au réseau électrique, ce que l'on appelle l'alimentation à quai. Actuellement, de nombreux moteurs de navires doivent encore tourner pendant le chargement et le déchargement dans le port, ce qui nuit à la qualité de l'air.

L'argent consacré à l’alimentation à quai est bénéfique pour le climat mais n'aide pas la Flandre à lutter contre les inondations. "C'est un gros budget pour l'énergie, pas pour la gestion de l'eau", note Patrick Willems.

Le nouveau ministre flamand de l'environnement, Jo Brouns (CD&V), semble attendre des projets concrets avant de parler de plus d'argent. "Je vois tout de même une belle somme d'argent pour le 'Blue Deal'", répond son porte-parole. "On peut toujours dépenser plus d'argent. Mais j'ai besoin qu'on me dise ce qu'on en fera avant de pouvoir en juger."
   
 
 

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