Journal de la Senne n° 36 | décembre 2024
   
  Retour sur la conférence ‘Les sources, un patrimoine bleu à protéger et valoriser’

L’étang de la Pede
Le 29 novembre, Coordination Senne organisait une journée sur le la thématique des sources, un patrimoine discret et peu visible mais important car à l’origine de nos cours d’eau. La conférence (suivie d’une promenade guidée) s’est tenue en bordure du bel étang de la Pede à Anderlecht, dans la Ferme du Chaudron fraichement rénovée. La soixantaine de personnes qui a assisté à cette journée provenait d’horizons divers: citoyens, gestionnaires de cours d’eau, habitants de la vallée, associations nature, enseignants, bureaux d’étude,... A souligner aussi la parité linguistique qui cette fois fut respectée, avec le même nombre de néerlandophones que de francophones dans l’assemblée, qui purent bénéficier d’une traduction simultanée.

Cette journée est également venue couronner sept années de travail consacrées par notre association aux sources, avec entre autres un large inventaire des sources bruxelloises réalisé ou encore une quinzaine de promenades guidées ‘Retour aux sources’ organisées dans les différentes vallées de la Région bruxelloise, actions qui ont d’ailleurs inspiré certains projets en Flandre.

La conférence: des présentations riches et variées

M. Agniel, Bruxelles Environnement
Sept orateurs et oratrices se sont succédés durant la matinée pour aborder le thème des sources sous des angles diversifiés et parfois originaux. Mathieu Agniel, hydrogéologue chez Bruxelles Environnement, a inauguré la conférence avec une présentation permettant de mieux comprendre où et comment se forment les sources dans le contexte hydrogéologique bruxellois, abordant des sujets tels que le relief, les différents aquifères, la composition du sous-sol bruxellois, la piézométrie ou encore le sens de l’écoulement des nappes d’eau souterraine.

Guillaume de Wouters a ensuite présenté la façon dont s’est déroulé le travail d’inventaire des sources bruxelloises réalisé par Coordination Senne entre 2017 et 2024 (plus de 230 sources inventoriées), ainsi que la variété de ces sources et leurs contrastes, sans oublier les sources disparues. Son collègue Jan Lippens nous a fait quitter le cadre bruxellois pour nous emmener en Flandre et nous parler des projets dans les vallées de la Dendre, de la Senne et de la Dyle, en mettant l’accent sur le projet d’inventaire des sources qu’il coordonne dans la vallée du Molenbeek, sur le territoire des communes de Hal, Beersel et Rhode-Saint-Genèse.

B. Bracke, Kollektif landscape
R. De Ridder, herbronnen.ressources
Pour clôturer la première partie de la matinée, Arlette Liétar a abordé une thématique qui a beaucoup intéressé les participants: la qualité des eaux de sources en Région bruxelloise, mais aussi l’évolution de cette qualité depuis 2009 ainsi que le monitoring dont elle a la charge chez Bruxelles Environnement. Après la pause (et quelques petits problèmes techniques), l’artiste Lucine Letassey a, par un poème, introduit sa belle œuvre vidéo ‘Devenir source’, film qui explore l’idée que les mystères, histoires et sciences des sources, ainsi que les personnes qui les partagent, sont aussi des sources.

Les deux derniers orateurs nous ont présenté des projets inspirants de valorisation de sources délaissées et oubliées, dont les eaux disparaissent bien souvent dans les égouts. Comme les inventaires, ces projets (encore peu nombreux) participent à une meilleure reconnaissance, protection et prise en compte par les pouvoirs publics de ce petit patrimoine bleu fragile. Robin De Ridder nous a ainsi détaillé deux actions concrètes de valorisation festive, participative et temporaire d’eaux de source menées par l’asbl herbronnen.ressources en 2023 et 2024: la création, le temps d’un week-end sur la place Saint-Josse, d’une petite ‘piscine’ alimentée par l’eau d’une source cachée dans le fond d’un parking souterrain, et la création d’une rivière urbaine alimentée par l’eau de la source Marly à Neder-Over-Heembeek. Enfin, Björn Bracke, architecte paysagiste chez Kollektif landscape, nous a à nouveau amené en dehors de Bruxelles pour nous parler de deux beaux et ambitieux projets d’intégration et de valorisation des eaux de deux sources historiques dans le domaine public, à Huldenberg et Neerijse, dans la vallée de la Dyle.

A la découverte du maillage bleu du Pays de Neerpede

Le Lange Wei © A. Mellas
Après un lunch copieux, préparé et servi par les Gastrosophes et leur cuisine ‘circulaire et solidaire’, deux groupes se sont formés pour partir à la découverte du Pays de Neerpede et de son riche maillage bleu, sous la houlette de Flore Schmit et Catherine Fierens (Bruxelles Environnement) pour les francophones, et de Koen De Leeuw (la Maison Verte et Bleue) et Guillaume de Wouters pour les néerlandophones.

Les participants on d’abord pu apprécier le vaste étang de la Pede, bassin d’orage créé dans les années 80 pour accueillir les trop-pleins d’eau du Neerpedebeek, mais aussi havre de paix pour la biodiversité depuis sa restauration en 2009. Ils ont par la suite longé, sur 800m, le cours du Neerpedebeek, dont la qualité des eaux s’est améliorée suite à l’installation, en 2018 à Neerpede, d’un collecteur qui dirige les eaux usées vers la station d’épuration de Bruxelles Sud. Les deux groupes se sont également attardés au niveau de la confluence de ce cours d’eau interrégional (qui s’étire sur 14 km et dont les eaux se jettent désormais dans le canal) avec trois petits ruisseaux: le Lange Wei, le Broekbeek et le Meerveldbeek.

Source reconnectée © A. Mellas
Le Pays de Neerpede
Il fut évidemment question de sources durant la visite, avec notamment la découverte d’aménagements permettant à l’eau de deux sources de s’écouler le long de la rue de Neerpede, puis de franchir celle-ci via deux caniveaux et d’alimenter à nouveau le Neerpedebeek. La gestion intégrée des eaux de pluie fut elle aussi mise à l’honneur, avec un beau projet de ‘terrasses’ vers lesquelles les eaux de ruissellement sont dirigées et où elles peuvent s’infiltrer et ainsi réalimenter la nappe d’eau souterraine.

Le Pays de Neerpede, une des dernières terres bruxelloises à vocation agricole et une zone naturelle jouant un rôle majeur sur le plan écologique, servit de décor à cette très belle promenade. Ce fut l’occasion de présenter la vision territoriale pour le Pays de Neerpede, ainsi que les différents acteurs associatifs et gestionnaires qui œuvrent ensemble à sa mise en valeur.

C’est vers 16h que se termina la journée, avec ce beau soleil qui nous avait accompagné depuis le matin qui pouvait enfin se coucher sur l’étang de la Pede.

Plus d’infos (présentations, liens, photos) >

Coordination Senne, décembre 2024
   
 
 

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