Journal de la Senne n° 32 | janvier 2024
   
  Deuxième conférence interrégionale 'Inondations dans le bassin de la Senne'

Le mardi 21 novembre 2023, plus de cent mandataires politiques, professionnels de l'eau et groupes d'action de Flandre, de Wallonie et de Bruxelles se sont réunis à Tubize pour une conférence interrégionale sur la problématique des inondations dans le bassin de la Senne. L'objectif: faire le point sur les progrès réalisés en matière de gestion de l'eau depuis les inondations majeures de la Senne et du 'canal de la Senne'1 en novembre 2010, et discuter des mesures à prendre aujourd'hui et à l'avenir pour éviter qu'une telle catastrophe ne se reproduise.


© Coordination Senne

Plus de dix ans en arrière

En 2010, la Senne et le ‘canal de la Senne’ ont inondé une partie d'Ittre, de Rebecq, de Tubize, de Lembeek, du centre de Hal, de Lot, de Ruisbroek et d'Anderlecht, suite à une combinaison de pluies prolongées et d'averses violentes. Les deux cours d'eau, qui ensemble drainent toutes les eaux de ruissellement de toute la vallée de la Senne vers la Dyle, le Rupel et l'Escaut, n'ont pas pu contenir la grande quantité d'eau de pluie à l’intérieur de leurs berges en de nombreux endroits, entre le 10 et le 14 novembre 2010. En conséquence, en amont de Bruxelles, de nombreuses zones basses de la vallée ont été inondées: des centaines de personnes ont été évacuées, des quartiers entiers et des zones d'activités ont été inondés et des milliers de dégâts ont été enregistrés.

Afin de mettre la problématique des inondations à l'ordre du jour, l'asbl Coordination Senne et Contrat de Rivière Senne ont organisé une première conférence interrégionale sur le sujet en 2012 à Halle. Plus de dix ans après la première conférence, le sujet reste d'actualité: En novembre 2023, le Westhoek a connu d'importantes inondations et, au cours de la première semaine de 2024, certaines parties de la Flandre orientale et du Brabant flamand ont été inondées. Compte tenu des effets supplémentaires du changement climatique, la Belgique doit se préparer à des conditions météorologiques plus extrêmes. La gestion intégrée transfrontalière de l'eau, en particulier pour un système fluvial complexe comme la Senne, joue un rôle crucial à cet égard. L'asbl Coordination Senne et le Contrat de Rivière Senne, en collaboration avec Bruxelles Environnement et le Bekkensecretariaat Dijle-Zenne, entre autres, ont donc pris l'initiative de réunir toutes les parties concernées de Flandre, de Bruxelles et de Wallonie pour une journée d'étude interrégionale, où l'échange de connaissances et la coordination étaient les thèmes centraux

Entre-temps, quelles mesures ont été prises?

Le 7 novembre 2023, en préparation de la conférence du 21 novembre, le Contrat de Rivière Senne et la Coordination Senne ont organisé une série de visites de sites. Une cinquantaine de professionnels de l'eau des trois Régions se sont réunis pour visiter des infrastructures hydrauliques nouvelles, rénovées ou à rénover à Ittre, Tubize, Lembeek et Hal-centre. Le groupe a visité la nouvelle zone d'immersion temporaire de Gaesbecq - Ittre, où jusqu'à 50 000 m³ d'eau peuvent être temporairement retenus lors de fortes pluies. Cette zone d'inondation fait partie d'une série de zones installées de la même manière depuis les inondations de 2010. D'ici 2026, l'ensemble des zones inondables et des bassins de retenue de la partie wallonne de la vallée de la Senne devraient pouvoir stocker temporairement plus d'un million de m³ d'eau.

En Flandre, le groupe a notamment visité l'écluse de Hal2 sur le ‘canal de la Senne’ (canal Charleroi-Bruxelles) et le pertuis adjacent de la Senne qui permet à la rivière de passer sous le canal vers l'autre rive. À Lembeek, une visite du déversoir de la Senne au canal était au programme. Cette structure a été rendue mobile en 2016, permettant à l'eau de s'écouler de façon contrôlée de la Senne vers le ‘canal de la Senne’ quand le niveau de l’eau est élevé.

© Coordination Senne © Coordination Senne

© Coordination Senne
© Coordination Senne
© Coordination Senne
Le mardi 21 novembre à Tubize, les décideurs politiques, les organismes gouvernementaux et les gestionnaires de l'eau concernés ont présenté les progrès réalisés au cours des dernières années. Des intervenants d’organisations comme Bruxelles Environnement, de Vlaamse Waterweg, la Commission Internationale de l'Escaut, la Vlaamse Milieumaatschappij, la Service Public de Wallonie, et les provinces du BrabantWallon, du Hainaut et du Brabant flamand ont abordé les plans mis en œuvre et à mettre en œuvre en matière de gestion intégrée de l'eau. Afin de minimiser les conséquences causées par les inondations, des efforts ont été faits en Flandre, en Wallonie et à Bruxelles pour contrôler les inondations critiques (protection), prévenir les dégâts (prévention) et prédire et prévenir des inondations (préparation).

De quoi avons-nous encore besoin?

La journée d'étude a donné lieu à des présentations et des échanges précieux, que nous pouvons résumer par une série de conclusions. Les points ci-dessous fournissent déjà le message principal à:
  1. De nombreux travaux ont déjà été réalisés au cours de la dernière décennie, principalement dans le domaine de la rétention des eaux pluviales et du rejet différé.
  2. Il faut identifier l'impact concret des efforts déjà réalisés.
  3. Etant donné la nature fragmentée de la gestion de l'eau dans le bassin de la Senne, la coopération et la coordination interrégionales restent les clés du succès.
  4. Les mesures de prévention, de préparation et de réparation devraient également être abordées de manière adéquate, dans le cadre d'une sécurité face aux inondations, et ce à plusieurs niveaux.
  5. Les principales conclusions de la première conférence interrégionale restent valables : retenir l'eau en amont, l’évacuer en toute sécurité en aval et coopérer au-delà des frontières administratives.
  6. Il ne faut pas attendre 10 ans pour organiser la prochaine conférence.
Nous avons organisé cette journée d'étude pour voir où nous en sommes aujourd'hui en matière de gestion de l'eau, 13 ans après les inondations qui ont touché la vallée de la Senne. Nous avons surtout invité les participants à écouter attentivement, à réfléchir avec nous, à poser des questions et à se parler. Bref, à entamer des dialogues et à sortir des limites administratives pour un temps. Ce n'est qu'en se serrant les coudes que nous pourrons parvenir à une gestion transfrontalière et structurelle de l'eau dans le bassin de la Senne. La conférence de Tubize montre que nous avançons dans la bonne direction, mais expose aussi de manière marquante que nous avons encore beaucoup de travail devant nous.

Vous pouvez trouver les conclusions et toutes les présentations de la conférence ici.

Contrat de Rivière Senne et Coordination Senne-Coördinatie Zenne

1 Le ‘canal de la Senne’ désigne le canal qui part de Seneffe dans le Hainaut, sur la ligne de partage des eaux entre les bassins de l'Escaut et de la Meuse, à une altitude de 120 m au-dessus du niveau de la mer, qui coule en direction du Brabant wallon, où il traverse Tubize jusqu'à Hal dans le Brabant flamand, pour traverser Bruxelles à partir d'Anderlecht et continuer de Vilvorde à travers la ceinture verte du nord du Brabant flamand. De Willebroek, il s’écoule ensuite vers la province d'Anvers où il se jette dans les eaux de marée de l'Escaut au niveau de la mer à Bornem/Wintam.

2 L'écluse de Hal est presque identique à toutes les écluses suivantes jusqu'à Bruxelles inclus. Les écluses jouent un rôle important dans l'évacuation des eaux vers l'Escaut.
   
 
 

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