Journal de la Senne n° 29 | décembre 2022
   
  LIFE RIPARIAS: contrer les espèces invasives par-delà les frontières régionales

La lutte contre les espèces exotiques envahissantes, en Belgique, on connaît bien. Au fil des années, une réelle expertise s’est façonnée dans les administrations, les universités, les instituts de recherche ou les associations de conservation de la nature. Mais avec la progression des espèces déjà implantées, l’arrivée de nouvelles espèces sur le territoire et les évolutions légales liées au règlement européen 1143/2014, la tâche est devenue plus complexe. Convaincus de l’utilité d’optimiser la gestion de la problématique à travers le territoire, un consortium d’experts belges a sollicité des fonds régionaux et européens. C’est ainsi qu’en 2021, le projet LIFE RIPARIAS a pu démarrer. Coordonné par Bruxelles Environnement, il rassemble 9 autres partenaires belges: Plateforme Belge pour la Biodiversité, Service Public de Wallonie Agriculture, Ressources Naturelles et Environnement (SPW ARNE), Agentschap voor Natuur en Bos (ANB), Vlaamse Milieumaatschappij (VMM), Instituut voor Natuur- en Bosonderzoek (INBO), Contrat de Rivière Senne, Contrat Rivière Dendre, Contrat de rivière Dyle-Gette, et Université de Liège - Gembloux Agro-Bio Tech.

Intervenir, mais où?

© Gembloux Agro-Bio Tech, Biodiversité et Paysage
© Gembloux Agro-Bio Tech, Biodiversité et Paysage
La lutte contre les espèces exotiques envahissantes a généralement été menée au cas par cas, en fonction de la bonne volonté des gestionnaires et des possibilités financières. Il est pourtant préférable que les actions soient concertées à large échelle- les espèces elles-mêmes ne connaissent pas les limites administratives. Par exemple, quand on sait que la dispersion des graines est favorisée par le courant, quel est l’intérêt de lutter contre les populations en aval quand les populations en amont ne sont pas gérées? L’idéal, c’est d’établir des priorités, qui alimenteront des stratégies de gestion concertées avec les parties prenantes d’ici à juin 2023. Dans cette optique, LIFE RIPARIAS optimise la chaîne de décisions pour déterminer sur quelle espèce intervenir, où, comment et avec quel objectif territorial. Pour ce faire, il est absolument nécessaire de baser les décisions sur des données d’occurrences complètes et à jour, ce qui demande plus de surveillance sur le terrain.

Cette surveillance sur le terrain est fortement renforcée dans le cadre du LIFE RIPARIAS. Des outils en ligne permettent de créer des alertes lorsqu’une espèce est observée, afin que tous les utilisateurs inscrits reçoivent l’information, ou encore de suivre précisément la progression dans le temps de chacune des espèces visées par le projet (Dashboard en ligne en développement).

De plus, un outil d’aide à la décision est actuellement en cours de développement. Il sera utilisé comme base pour identifier les espèces et sites à gérer en priorité dans la zone pilote du projet. Cette zone, couvrant les trois régions de Belgique, inclut les bassins versants de la Dyle, la Senne et la Marcq. À partir de 2023, les actions de lutte seront menées dans ces bassins versants en suivant les stratégies de gestion.

Les milieux aquatiques comme priorité

Les milieux humides et aquatiques sont particulièrement touchés par les invasions biologiques, et la liste des espèces exotiques envahissantes préoccupantes pour l’UE compte de nombreuses espèces de plantes aquatiques et d’écrevisses. Celles-ci sont particulièrement néfastes pour la flore et la faune indigènes. Certaines sont déjà bien implantées chez nous, comme l’hydrocotyle fausse-renoncule (Hydrocotyle ranunculoides), par exemple, alors que d’autres sont absentes ou encore très peu présentes. C’est le cas, entre autres, de l’écrevisse à pinces bleues (Faxonius virilis) ou de la Cabomba de Caroline (Cabomba caroliniana). Le projet LIFE RIRIAS cible les espèces aquatiques et rivulaires listées au niveau européen mais aussi d’autres espèces émergentes. Des fiches d’identification ont été élaborées pour aider tout un chacun à reconnaître ces espèces. Elles sont disponibles sur le site du projet. Des guides des meilleures pratiques de gestion seront en outre publiés au printemps 2023. Des formations seront également organisées l’année prochaine pour les naturalistes et gestionnaires de terrain.

La coopération par-delà les frontières

Par dispersion naturelle depuis des sites envahis, ou avec l’aide des activités humaine, les espèces exotiques envahissantes peuvent traverser les frontières, non seulement à l’échelle régionale mais également européenne. Ainsi, le projet LIFE RIPARIAS prévoit de diffuser les méthodes développées en Belgique auprès des autres pays de l’Union, ce qui a déjà commencé dans le cadre de conférences internationales en 2022. Ce projet est d’ailleurs rendu possible grâce au cofinancement de l’Union européenne dans le cadre du programme LIFE.

Gembloux Agro-Bio Tech, Biodiversité et Paysage
   
 
 

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