Journal de la Senne n° 28 | juni 2022
   
  Bruxelles peut-elle être inondée?

Nous nous souviendrons tous des images de l'inondation catastrophique en Wallonie. L'été dernier, des pluies torrentielles ont fait déborder les rivières et les ruisseaux, faisant des morts et d'innombrables maisons détruites. Cela risque de se produire de plus en plus avec le réchauffement climatique. Bruxelles peut-elle éviter ce genre de catastrophe?

Il y a beaucoup d'eau dans notre sous-sol bruxellois. De plus, Bruxelles n'est pas seulement bâtie sur les rives de la Senne, le sol y est aussi marécageux. Le nom de la ville dérivé de 'Broekzele' signifie littéralement: l’habitation sur le marais. On pourrait dire qu'une surface marécageuse absorbe l'eau plus rapidement. Mais comme notre ville est fortement bétonnée, cette affirmation ne tient plus.

Outre la Senne, des eaux importantes comme celles du Maelbeek, du Molenbeek et de la Woluwe ont creusé des vallées dans la ville. Bruxelles leur doit ses importants dénivelés. Ceux-ci sont un premier défi lorsqu'il pleut abondamment. L'eau coule des parties hautes de la ville vers ces vallées. Avant l'urbanisation, l'eau de pluie retournait dans la rivière, mais avec l’aménagement des routes et des trottoirs en dur, le sol est devenu imperméable en de nombreux endroits. Les parties basses sont les zones bruxelloises susceptibles d'être touchées en cas de fortes pluies.

L'évaluation des risques

Ces zones sont clairement indiquées sur une carte interactive de Bruxelles Environnement. Les nuances de couleurs indiquent le risque d'inondation dans une zone spécifique: une fois tous les 100, 50 ou 10 ans. Les zones où le risque d'inondation est le plus important se situent clairement le long des tracés que les grands ruisseaux et rivières ont dessiné, dans les fonds de vallée. C'est le cas, par exemple, pour certaines parties de Woluwe-Saint-Pierre, Woluwe-Saint-Lambert, Schaerbeek, Ixelles, mais aussi Ganshoren. Il est important de noter qu'il s'agit de prédictions. Ces cartes sont établies comme une sorte d'avertissement pour fournir suffisamment de mesures de protection dans ces zones.


© Bruxelles Environnement | Carte montrant où il y a un risque d'inondation.
Plus le bleu est foncé, plus le risque d'inondation dans cette zone est élevé.


Bien que les cours d’eau aient dessiné le territoire bruxellois, ils ne sont souvent plus visibles en surface. La plupart des rivières qui traversaient la ville ont été en grande partie recouvertes au fil des années et coulent maintenant sous terre. Certains petits ruisseaux coulent même directement dans les égouts.

Ceci nous amène à parler d’un autre risque d'inondation. Il y a malheureusement encore trop d'eau pure qui coule dans les égouts bruxellois. Cela exerce une pression supplémentaire sur les égouts lorsqu'ils reçoivent beaucoup d'eau à l’occasion de fortes pluies. Heureusement, Bruxelles dispose d'un système de débordements qui fonctionne bien. Lorsque l'égout devient gorgé d'eau, le trop-plein d’eau se déverse dans le canal et dans la Senne. De ce fait, Bruxelles a jusqu'à présent été épargnée par des crues catastrophiques majeures. Par contre, ce système est très préjudiciable pour la qualité de l'eau du canal et des cours d'eau naturels, comme la Senne. L'idéal serait donc de trouver un système qui permette à la ville de faire face à de fortes pluies sans charger les eaux naturelles. Déconnecter les sources naturelles et les cours d’eau du réseau d’égout, les ramener à la surface et désimperméabiliser les sols sont primordiaux à cet égard.

Mis à part des caves et des tunnels inondés et un égout qui parfois n'avale plus l'eau, Bruxelles a donc pu échapper à de grandes catastrophes hydrauliques. Mais quand le ciel s'est ouvert l'été dernier, les Bruxellois ont aussi retenu leur souffle un moment. Au Musée des Egouts, ils nous ont dit qu'ils avaient rarement vu l'eau de la Senne aussi haute. L'eau trouve toujours son chemin, et la laisser s’écouler aux bons endroits est le message à faire passer.

Film >

Traduction d’un article de Luana Difficile, paru dans Bruzz le 27 janvier 2022.
https://www.bruzz.be/milieu/jouw-vraag-kan-brussel-overstromen-2022-01-27


   
 
 

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