Journal de la Senne n° 25 | décembre 2020
   
 
Le Chemin d’eau du Cognassier à Berchem-Ste-Agathe:
une gestion alternative des eaux de pluie

Jardin de pluie © Bruxelles Environnement
Depuis plus d’un siècle, l’urbanisation croissante de la Région bruxelloise (routes, parkings, habitations, bureaux,…) a entrainé l’imperméabilisation de surfaces importantes du territoire ainsi que la disparition de cours d’eau, étangs et zones humides. A cause de cela, les égouts ont reçu un volume toujours croissant d’eau, avec pour conséquence, en cas de fortes averses, leur saturation et des débordements dans les caves ou encore sur les voiries, en particulier dans les fonds de vallée. L’eau qui coule sur les toits est évacuée via les les gouttières, celle qui ruisselle sur les routes via les avaloirs le long des trottoirs, pour ensuite rejoindre les égouts, où elle se mélange aux eaux usées. Pour pallier à ces problèmes d’inondations, des bassins d’orage ont été construits au fil du temps afin de recevoir, temporairement, les excédents d’eau des collecteurs.

En agissant de cette façon, nous considérons l’eau de pluie davantage comme un ‘déchet’ à évacuer au plus vite via nos canalisations, que comme une ressource à valoriser. Aujourd’hui pourtant, des projets voient le jour afin que cette eau soit gardée là où elle tombe, en la dirigeant vers des étangs et cours d’eau, des parkings filtrants, des ‘jardins de pluie’, des noues et fossés ou encore des toitures vertes, où elle pourra ruisseler, s’évaporer et s’infiltrer. Au niveau régional, Bruxelles Environnement promeut depuis plusieurs années une gestion allant dans ce sens, à travers le ‘maillage pluie’. Les avantages de cette gestion locale des eaux de pluie sont nombreux: le cycle naturel de l’eau est restauré, des problèmes d’inondations résolus, de nouvelles zones humides propices à la biodiversité créées, et le cadre de vie des habitants amélioré. En la rendant à nouveau visible et utile au quotidien, ces initiatives qui vont dans le sens d’une gestion décentralisée de l’eau de pluie, à l’échelle de la parcelle, permettent aussi de retisser un lien entre l’eau et les citadins.

Chemin d’eau du Cognassier le long de la promenade
En juin 2016, à l’occasion d’averses intenses, le quartier d’habitations dit du Cognassier à Berchem-Sainte-Agathe avait encore été victime d’inondations. L’eau avait alors submergé des voiries, mais aussi des caves, des garages et des salons. L’année suivante, une réflexion impliquant des citoyens s’engageait pour trouver un moyen de résoudre ce problème récurrent. Elle aboutira, en 2019, à la création du ‘Chemin d’eau du Cognassier’, projet conduit par la commune de Berchem-Sainte-Agathe, avec l’aide de Bruxelles Environnement, des Etats Généraux de l’Eau à Bruxelles (EGEB) et de Vivaqua. Cet ouvrage composé de deux bassins naturels (un à l’entrée et un autre à la sortie), d’un long fossé qui alterne avec une conduite, s’étend sur près de 450m. Il doit d’ailleurs en partie son appellation à une voirie qui lui est parallèle, l’avenue du Cognassier, du nom d’un arbre fruitier rustique cousin du poirier.

Bassin tampon en sortie
Au départ de ce chemin d’eau se trouve un long bassin ayant un volume tampon de 80m³. Creusé près de nouveaux logements, il récolte les eaux qui, en cas de fortes pluies, ruissellent abondamment sur une grande prairie et dans le cimetière situés en amont. Le trop plein d’eau de cette lagune peut continuer son chemin via une conduite passant sous la voirie, puis dans un large fossé bordant un chemin de promenade. L’eau qui ne s’est pas infiltrée ou évaporée continue de ruisseler doucement dans le fossé jusqu’à atteindre, au niveau des potagers du Vieux Poirier, un bassin naturel de moindre importance, ayant un volume tampon de 8m³.
Le fossé ne suit donc pas la pente de la vallée, celle que suivaient jadis un ru aujourd’hui disparu dont une route, t’Hof te Overbeke, rappelle encore l’existence passée, et le Paruckbeek dans lequel ce petit cour d’eau se jetait. L’urbanisation trop importante de ce quartier ne le permet tout simplement pas. Le Chemin d’eau du Cognassier s’étend donc sur la hauteur, sur un relief en légère pente.

Molenbeek au Kattebroek
A terme, cet ouvrage devrait également recevoir les eaux qui ruissellent sur les toitures des habitations qui lui sont proches. En 2021, une nouvelle phase de travaux permettra aussi de prolonger le fossé vers la réserve naturelle du Kattebroek, afin de faire ruisseler les eaux jusqu’au Molenbeek, cours d’eau qui s’écoule dans le fond de la vallée et qui, après Berchem-Sainte-Agathe, poursuit son chemin sur les communes de Zellik, Ganshoren, et Jette.




Signalons enfin que cette gestion locale des eaux, singulièrement en amont de la vallée, contribue à une solidarité entre les habitants par bassin versant, particulièrement vis-à-vis de ceux qui vivent dans le bas et le fond des vallées, là où les inondations sont les plus fréquentes.

Nb: Cinq panneaux d’informations ont été récemment installés tout le long du Chemin d’Eau du Cognassier.

Coordination Senne - décembre 2020

   
 
 

Retour vers le sommaire >

 
   


Suivez-nous sur facebook ouv visitez notre site.