Journal de la Senne n° 25 | décembre 2020
   
 
Des phoques présents dans l’Escaut grâce à l’épuration de l’eau à Bruxelles

Ces derniers jours, les habitants de Tamise ont pu observer des phoques sur les berges de l’Escaut.
Ce mammifère marin nage de plus en plus fréquemment vers l’amont du fleuve à la recherche de poissons. Grâce à l’épuration des eaux usées en Région bruxelloise, il trouve davantage de nourriture dans l’Escaut. Avant la mise en service de la station d’épuration de Bruxelles-Nord, on trouvait à peine du poisson dans la Senne. Treize ans plus tard, les scientifiques y dénombrent jusqu’à vingt espèces différentes.

© W. Poelman
Ces dernières années, il est devenu assez courant d’observer le phoque gris à la côte belge. Ces derniers jours, ces hôtes étranges ont également été vus sur les berges de l’Escaut comme à Tamise. Un exemplaire a aussi été aperçu, cette semaine, dans la Dendre en Flandre orientale, ce qui est tout de même remarquable.

L’amélioration de la qualité de l’eau permet à ces mammifères de nager plus loin vers l’intérieur des terres. Ces quinze dernières années, cette qualité a fait un bond en avant selon le scientifique Jan Breine de l’Instituut voor Natuur en Bos - INBO. Il conclut cela sur base du stock de poissons présent dans les eaux belges. "Il y a beaucoup moins de pollutions dans l’eau. Par conséquent, le taux d’oxygène y est plus élevé, ce qui permet à plus de poissons d’y vivre".

La Senne à la sortie de Bruxelles © Y. Coatanéa
Le fait que par le passé l’eau de la Senne quittait Bruxelles dans un état répugnant a longtemps été source de frustration chez les scientifiques.
A la fin du dix-neuvième siècle, les mauvaises odeurs de la rivière (qui était un véritable égout à ciel ouvert) étaient devenues tellement fortes qu’elle fut mise sous terre. Jusqu’en 2007, les eaux usées de plus d’un million de bruxellois étaient déversées 24h sur 24h dans la Senne, qui poursuivait ensuite son chemin vers l’Escaut.


La situation a changé grâce à la mise en fonction de la station d’épuration de Bruxelles-Nord en 2007. En combinaison avec la station d’épuration de Bruxelles-Sud, qui épure les eaux usées de 360.000 personnes depuis l’année 2000, l’eau d’1,5 million de personnes est désormais épurée. La nature et la biodiversité en bénéficient directement.

Des centaines de poissons

"Quand vous mettiez vos mains dans la Senne au début du vingt-et-unième siècle, celles-ci commençaient à vous démanger. C’était un cours d’eau mort et pauvre en oxygène, mais l’épuration lui a donné un nouveau souffle" selon J. Breine. "Presque immédiatement, des populations de poissons sont réapparues dans l’eau. En 2007, on comptait à peine une anguille dans la Senne. Aujourd’hui, on comptabilise 21 espèces et donc des centaines de poissons."

A Leest, à environ 20 kilomètres de Bruxelles, des chercheurs de l’INBO pêchent principalement des anguilles et des gardons. "Mais on y trouve également le Flet commun. Il s’agit d’un poisson marin qui doit donc parcourir une distance conséquente via l’Escaut et le Rupel avant d’atteindre la Senne. Que des poissons de la sorte arrivent jusqu’ici est un très bon signe" nous informe J. Breine, qui a également pêché des espèces exotiques dans la Senne, telles que la Carpe prussienne et le Silure glane.


Ces dernières années, le nombre d’espèces de poissons stagne. Selon l’INBO, la population de poissons dans la Senne a atteint un plafond naturel. "On voit cependant que les espèces se reproduisent dans la Senne. Nous le remarquons grâce aux alevins que l’on retrouve dans nos nasses".

Cette eau riche en oxygène et en poissons se jette, via le Rupel, dans l’Escaut en province d’Anvers.
"Et cela rend donc la rivière attractive pour d’autres mangeurs de poissons tels que les phoques. Ce sont des animaux curieux, même s’ils n’ont pas encore été observés dans la Senne" nous explique J. Breine.

Rejet dans la Senne de l’eau épurée par la Step de Bruxelles-Nord
Le chercheur note tout de même encore certains dangers. "La Senne est un système fragile, car il dépend grandement de l’épuration au nord de Bruxelles. Dès que les choses s’y passent mal, par exemple lorsqu’il pleut abondamment et que la station ne sait pas absorber tout le débit des collecteurs, l’eau de la Senne se dégrade à nouveau fortement. Heureusement, cela n’est pas forcément mortel pour les poissons qui peuvent tout simplement s’enfuir."



Le plus grand danger pour les poissons reste le plastique présent dans l’eau. "Particulièrement le microplastique, tellement petit qu’il n’est pas arrêté par la station d’épuration" selon J. Breine.

Traduction d’un article paru dans BRUZZ, le 06/08/2020:
www.bruzz.be/milieu/meer-zeehonden-schelde-dankzij-brusselse-waterzuivering-2020-08-06

   
 
 

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