Journal de la Senne n° 24 | juin 2020
SPECIAL: vallée de la Woluwe
   
 
Un bassin d’orage original sous l’avenue Grandchamp à Woluwe-St-Pierre

Les inondations, un problème récurrent

Depuis plusieurs décennies, la Région bruxelloise connaît une urbanisation importante qui a touché jusqu’à ses quartiers les plus périphériques. Celle-ci a eu pour conséquence, par la construction de routes, immeubles et autres parkings, d’imperméabiliser des surfaces considérables du territoire. Là où jadis une partie de l’eau de pluie pouvait, dans ces espaces non-urbanisés, s’infiltrer dans le sol, celle-ci ruisselle désormais, en de nombreux endroits, sur le bitume et les toitures, pour finalement rejoindre les égouts et collecteurs, où elle se mélange aux eaux usées. En cas d’averses soutenues, certains collecteurs, souvent situés en fond de vallée, ne sont pas à même d’accueillir toute cette eau qui leur arrive trop rapidement. Celle-ci est alors refoulée vers les voiries, les caves, les tunnels, les cours d’eau,…

Chantier du bassin d’orage de Grandchamp
Ces épisodes d’inondation, la vallée de la Woluwe en a connu plusieurs par le passé, au niveau du bd. de la Woluwe par exemple, où pour résoudre une partie du problème un bassin d’orage d’une capacité de 33.000m³ a été construit près de la station Roodebeek il y a une vingtaine d’années, récoltant l’eau que le collecteur ne peut recevoir lors de fortes pluies. Dans la vallée adjacente du Struykbeek, nom d’un affluent de la Woluwe aujourd’hui en grande partie enseveli sous la terre, des débordements de collecteurs ont aussi déjà inondé certains quartiers. En contrebas de la place Dumon à Woluwe-Saint-Pierre, un premier bassin d’orage dit du Val des Seigneurs (du nom de la voirie sous laquelle il se trouve) d’une capacité de 6000m³ fut donc aménagé à la fin des années 80, et un second appelé bassin de Stockel, d’une capacité de 1500m³, fut inauguré au début des années 2000. Ce qui n’empêcha pas une nouvelle crue durant l’été 2016.

Un tunnelier pour réaliser le bassin d’orage de Grandchamp

Bassin d’orage de Grandchamp © Vivaqua
Depuis 2018, un troisième bassin d’orage, dit de Grandchamp, est en construction dans le périmètre du val des Seigneurs, afin de juguler les inondations dans la vallée, singulièrement lors des pluies décennales. Là où les bassins d’orage se présentent traditionnellement sous la forme d’un vaste quadrilatère enfoui sous le sol, celui-ci aura la forme, originale, d’un tunnel de 5,2m de diamètre s’étendant sous l’av. Grandchamp sur 377m, au départ du rond-point Roi Baudouin. Le manque de terrain libre à cet endroit dicta d’ailleurs cette solution aux ingénieurs de Vivaqua, maître d’œuvre du chantier et gestionnaire de plusieurs bassins d’orage à Bruxelles. En surface, l’option du tunnel engendre par ailleurs moins de désagréments aux riverains durant les travaux, que ce soit en termes de bruit ou de mobilité, si ce n’est dans le périmètre d’accès au tunnel.




Tunnellier © Vivaqua
A l’occasion des Journées bruxelloises de l’Eau en mars 2019, le grand public fut invité à visiter le chantier en descendant dans l’impressionnante fosse d’accès, au niveau du rond-point. Celle-ci ayant été creusée en partie dans la nappe phréatique, un ‘bouchon’ en béton armé fut placé pour étanchéifier la structure, afin que l’eau de la nappe ne remplisse pas ce grand espace. Un socle d’entrée sur lequel repose le tunnelier fut ensuite installé sur le fond. Les différentes pièces de ce tunnelier baptisé ‘Petra’, dont les plus lourdes furent acheminées d’Allemagne par bateau jusqu’à Bruxelles, furent assemblées dans la fosse pendant 2 mois! Un ‘waterslot’, sorte de gaine circulaire empêchant les infiltrations d’eau lors du creusement du tunnel, fut aussi préparé. Quelques semaines après les visites, le tunnelier et ses 8m de long (pour un poids de 270T) commençait son ouvrage. A l’avant de celui-ci, la roue de coupe sert à arracher la terre, qui est ramenée vers l’arrière de l’engin au moyen d’une visse sans fin, jusqu’à des wagons qui permettent d’évacuer cette terre vers la surface. Progressivement, les parois du tunnel sont également installées.

Des solutions alternatives et complémentaires

Le bassin d’orage de Grandchamp devrait être achevé pour le 3ème trimestre 2020. Son fonctionnement sera le même que celui des autres bassins: en cas de fortes averses, le trop-plein des égouts sera versé dans le long tunnel qui se remplira d’eau. La crue passée, celui-ci reversera petit à petit l’eau stockée vers les collecteurs d’eau usée, qui achemineront le mélange d’eau de pluie et d’eaux sales jusqu’à la station d’épuration de Bruxelles Nord, où elles seront rejetées dans la Senne après avoir été traitées, quelques kilomètres avant la confluence de la Woluwe et de la Senne.

© Bruxelles Environnement
De petits aménagements peuvent aussi être réalisés en amont, même chez les simples citoyens, afin de diminuer la quantité d’eau s’écoulant vers les égouts. C’est l’objectif du programme dit de ‘maillage pluie’ initié par Bruxelles Environnement, qui vise à garder au maximum l’eau des précipitations là où elle tombe. La récupération de l’eau de pluie dans un réservoir, pour usage domestique, est une belle option, surtout quand on sait que 40% de nos besoins en eau ne nécessitent pas d’eau potable! Le creusement de noues et fossés dans lesquels l’eau de ruissellement pourra s’infiltrer est également une solution. Ce système a d’ailleurs été aménagé récemment le long du bd. de la Woluwe, en parallèle de la pose d’un collecteur ne récupérant que les eaux claires, qui sont finalement reversées dans la Woluwe, 300m en aval de la confluence, au parc Malou, du Struykbeek avec la rivière.

Coordination Senne - juin 2020

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