Journal de la Senne n° 24 | juin 2020
SPECIAL: vallée de la Woluwe
   
 
La Woluwe pourrait-elle retrouver ses méandres de jadis
à Woluwe-Saint-Lambert?

La Woluwe prend ses sources en forêt de Soignes à l’arrière de la gare de Boitsfort et se jette, après 21km - dont 10km en Région bruxelloise -, dans la Senne près de Vilvorde. A Woluwe-Saint-Lambert, le chemin du Vellemolen, qui tire son nom d’un ancien moulin à eau détruit en 1956 et ayant un temps servit à tanner les peaux animales (d’où peut-être cette appellation de ‘moulin à Peaux’), suit de près la rivière, dont l’eau s’écoule dans un lit au tracé tout à fait rectiligne, au pied du flanc oriental de la vallée. Ce tracé, à cet endroit, a-t-il toujours été si direct, sans méandres et sinuosités dans lesquels la Woluwe aurait pu jadis paresser?



Des rectifications déjà anciennes

Au cours de son histoire, l’homme a souvent été amené à domestiquer et modifier les cours d’eau pour les adapter à ses besoins, via des rectifications, des approfondissements, des endiguements ou encore l’installation de barrages. L’eau de la Woluwe fut, dès le Moyen-Age, utilisée par les moulins à eau (on en compta jusqu’à quatre à Woluwe-Saint-Lambert), installation qui exigeait des canalisations et dérivations afin de disposer d’une force hydraulique suffisante pour faire tourner la roue des moulins.

La Woluwe au moulin de Lindekemaele
On trouvait également, dans cette vallée, de nombreuses brasseries et autres petites industries qui puisaient l’eau de la rivière pour leur activité. Si la Woluwe a d’ailleurs donné son nom à trois communes, c’est probablement en raison de l’importance qu’elle eut alors pour les hommes. L’agriculture, puis l’urbanisation et la construction de boulevards au 19ème et 20ème siècle amenèrent également des modifications profondes sur le tracé du cours d’eau.




Carte de Ph. Vandermaelen (1846-1854)
Au chemin du Vellemolen

Aujourd’hui, entre l’avenue E. Vandervelde et l’avenue Chapelle-aux-Champs, la Woluwe (et le chemin du Vellemolen qui l’accompagne) longe une bande boisée d’à peu près 400m de long sur 70m de large. Au sein de celle-ci, cachés par la végétation, subsistent l’un ou l’autre larges fossés au profil sinueux. S’agirait-il d’anciens méandres de la rivière? La carte topographique de Vandermaelen, établie entre 1846 et 1854, ne permet pas de le confirmer, la Woluwe y apparaissant déjà, à cet endroit, comme un cours d’eau au lit rectifié, sans-doute pour les besoins du moulin du Vellemolen situé peu avant l’avenue Chapelle-aux-Champs. Sur cette même carte, la Woluwe retrouve un cours sinueux passé la ferme de l’Hof ten Berg, quelques centaines de mètres après le moulin. Un siècle plus tôt, les cartes de Villaret (1745-1748), moins précises que celles de Vandermaelen il est vrai, indiquent par contre bien la présence de méandres au sein de cette zone boisée.

Si ces fossés ne constituent pas des reliquats de méandres de la Woluwe, n’est-il toutefois pas permis d’envisager, sur cette longue bande de terrain, de rendre à la rivière le cours sinueux qu’elle a dû connaître autrefois? Après près de deux siècles durant lesquels les cours d’eau furent malmenés, la tendance actuelle est à la restauration, entre autres par l’amélioration de la qualité de leurs eaux, la remise à ciel ouvert de leur lit, la renaturation de leurs berges, mais aussi via des reméandrements. Ces actions font partie du programme de maillage bleu mis en œuvre par Bruxelles Environnement depuis 1999.

Des exemples de reméandrements réussis

A l’entrée de la Région bruxelloise, sur la commune de Sint-Pieters-Leeuw, un autre affluent de la Senne, le Zuunbeek, a récemment retrouvé ses méandres. Fortement rectifiée il y a une bonne quarantaine d’années, la rivière a bénéficié d’importants travaux de reméandrements en 2017, réalisés par la Vlaamse Milieumaatschappij (VMM). L’objectif était triple: éviter les débordements du cours d’eau dans les quartiers habités, améliorer son potentiel écologique, et restaurer le charme paysager de cette belle vallée du Brabant flamand. Ailleurs, d’autres projets ambitieux ont également vu le jour: en 2018 sur la Lasne (un affluent de la Dyle) à Genval, ou encore sur le cours du Zwarte Beek dans le Limbourg, en 2017 également.


Nouveaux méandres du Zuunbeek à Sint-Pieters-Leeuw

Sur le plan de la biodiversité, ces méandres amènent un plus indéniable. Les milieux de vie y sont en effet plus variés, avec des zones à courant rapide, d’autres à courant faible, des berges en pente douce et d’autres abruptes, ou encore des profondeurs différentes. Cette diversité de biotopes est évidemment favorable au développement d’une faune et d’une flore très riche. Les méandres ont au surplus, pour différentes raisons, une action stimulante sur la purification naturelle des eaux.

Ces réalisations récentes et leurs avantages divers : une source d’inspiration pour la Woluwe le long du chemin du Vellemolen?

Coordination Senne - juin 2020

En savoir plus:
- Le Zuunbeek à Sint-Pieters-Leeuw >>
- Le Zwarte Beek (vidéo) >>
- La Lasne à Genval >>

   
 
 

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