Coordination Senne: Journal de la Senne n° 11 - avril 2011
BASSIN DE LA SENNE: Qu’en est-il à ce jour de la qualité des eaux
de la Senne et du canal de la Senne?

Introduction

La Directive-cadre sur l’eau

La Directive-cadre sur l’eau (DCE) poursuit plusieurs objectifs et notamment celui d’atteindre un bon état des eaux de surface. La notion de ‘bon état’ s’applique à la qualité tant chimique qu’écologique des eaux. Elle suppose également que la relation entre les facteurs environnementaux et la biologie soit connue. Ce bon état doit être atteint à l’horizon 2015 au plus tard. Un report de maximum 6 mois à deux reprises est possible dans certaines circonstance techniques, financières ou naturelles. Mais il est d’ores et déjà évident que seuls quelques cas exceptionnels pourront atteindre un bon état en 2015.

Les eaux de surface sont réparties en masses d’eau, c’est-à-dire des systèmes d’eaux de surface homogènes comme un lac ou une partie d’un cours d’eau. Ces masses d’eau sont à leur tour subdivisées en quatre catégories: rivières, lacs, eaux de transition et eaux côtières. Enfin, chacune de ces catégories est partagée en types par les États membres.



L’état chimique d’une masse d’eau est évalué à l’aide de la concentration en substances prioritaires et autres substances chimiques visées par une norme de qualité européenne. Le bon état chimique d’une masse d’eau est constaté lorsque la norme de qualité environnementale est atteinte pour chacune de ces substances, soit 41 au total.

L’évaluation de l’état écologique prend en compte les éléments de qualité biologiques, hydromorphologiques, chimiques et physico-chimiques. La DCE dicte les éléments de qualité biologiques qui s’appliquent à chaque catégorie de masse d’eau. Elle fixe une référence ainsi qu’un objectif à atteindre par type d’eau et par élément de qualité.

Les éléments de qualité biologiques (phytoplancton1, phytobenthos2 mais aussi macrophytes3, macro-invertébrés4 et poissons) se voient attribuer un ratio de qualité écologique.
Ce ratio de qualité écologique (RQE) indique le rapport entre la valeur du paramètre biologique défini pour une masse d’eau et la valeur de ce paramètre dans les circonstances de référence s’appliquant à cette masse d’eau. Ce RQE s’exprime par une valeur comprise entre 0 et 1, les valeurs proches de 1 indiquant un très bon état écologique et les valeurs proches de 0 un mauvais état écologique.

Les éléments de qualité hydromorphologiques recouvrent des propriétés hydrologiques et structurelles telles que le régime hydraulique et le caractère naturel des berges.

Les éléments de qualité chimiques et physico-chimiques correspondent aux éléments de qualité physico-chimiques généraux (comme l’oxygène et les nutriments) ainsi qu’aux substances polluantes non prioritaires spécifiques dont l’État membre constate qu’elles sont rejetées en quantités significatives dans la masse d’eau.

Les normes concernant les éléments biologiques, hydromorphologiques et physico-chimiques généraux sont spécifiques au type. Ces normes sont évaluées selon un système composé de cinq classes de qualité: ‘très bon’, ‘bon’, ‘moyen’, ‘médiocre’ et ‘mauvais’. Les polluants non prioritaires spécifiques peuvent être soit conformes soit non conformes à la norme, ce qui se traduit par deux classes de qualité: ‘bon’ et ‘pas bon’.

L’évaluation finale de la masse d’eau est analogue pour toutes les eaux de surface et correspond à l’évaluation la plus faible attribuée à l’un des éléments de qualité selon le principe bien connu du ‘One Out, All Out’. Dans ce cadre, une masse d’eau atteint un bon état écologique uniquement lorsque tous les éléments de qualité topiques sont au minimum ‘bons’. Le bon état d’une eau de surface est atteint lorsque son état écologique et son état chimique sont bons (article 2 §18 de la DCE).

Le tableau ci-après résume les éléments à prendre en considération pour l'établissement de l'état écologique et chimique des masses d'eau:

État écologique Etat chimique
- biologie
- physico-chimie sous-tendant la biologie
- polluants spécifiques soutenant la biologie
- hydromorphologie
- 33 substances prioritaires
- 8 substances dangereuses









Alors que les éléments de qualité physico-chimiques sont mesurés d’année en année, la DCE impose de ne mesurer opérationnellement les éléments de qualité biologiques que tous les trois ans.

Pour l’évaluation des masses d’eau, les normes de qualité environnementale sont comparées à un ou plusieurs points de mesure considérés comme représentatifs de cette masse d’eau (donc pas à tous les points de mesure qui y ont été échantillonnés). En ce qui concerne les phytobenthos et les macrophytes, trois trajets, dispersés sur toute la masse d’eau, sont normalement échantillonnés.

Sous certaines conditions, un État membre peut classer une masse d’eau dans le groupe fortement modifiée ou artificielle. La masse d’eau doit être ‘physiquement modifiée’ en fonction d’un ‘objectif bénéfique’ (par ex. la navigation ou la protection contre les inondations). Outre un bon état chimique, les masses d’eau artificielles ou fortement modifiées doivent atteindre non pas un bon état écologique mais un bon potentiel écologique. Le bon potentiel écologique est évalué à l’aide des éléments de qualité du type de masse d’eau de surface le plus comparable en tenant compte des circonstances physiques induites par les caractéristiques artificielles ou fortement modifiées de la masse d’eau5. Le quotient de qualité écologique (QQE) ne se calcule donc pas en tenant compte de la valeur de référence mais bien du potentiel écologique maximum (PEM). Le PEM est déduit de la référence. Par conséquent, la classe ‘très bon état’ est supprimée. Les masses d’eau artificielles et fortement modifiées se répartissent donc entre quatre classes de qualité seulement pour les éléments de qualité biologiques: ‘bon et plus’, ‘moyen ’, ‘médiocre’ et ‘mauvais’.


Ratio de qualité écologique pour les masses d’eau naturelles
Source: Triest et al., 2008 (sur base de Schneiders et al.)


Ratio de qualité écologique pour les masses d’eau artificielles ou fortement modifiées
Source: Triest et al., 2008 (sur base de Schneiders et al.)



Définitions et concepts

  1. Masse d’eau
    Une masse d’eau est une eau de surface d’importance significative et distinctive. Par exemple, une rivière, un canal, un lac ou une partie d’entre eux. Cette définition revêt une grande importance car il s’agit du niveau (le plus bas) auquel les objectifs de la Directive-cadre sont en vigueur. D’un point de vue pratique, plusieurs États membres (dont les Pays-Bas) appliquent une limite inférieure fixée à 50 hectares pour les lacs.

    • Fortement modifié
      = une masse d'eau de surface qui, par suite d'altérations physiques dues à l'activité humaine, est fondamentalement modifiée quant à son caractère, telle que désignée par l'État membre conformément aux dispositions de l'annexe II de la DCE.

    • Artificielle
      = des eaux sont qualifiées d’artificielles lorsqu’une masse d'eau a été créée par l'activité humaine là où il n’y en avait pas auparavant. Les mêmes objectifs s’appliquent aux eaux artificielles et aux eaux fortement modifiées, soit le BPE (bon potentiel écologique) qui est déduit de l’état de la ‘masse d’eau la plus comparable’ dans la même catégorie.

    Les États membres peuvent qualifier des eaux de surface d’artificielles ou de fortement modifiées si:
    * les modifications des caractéristiques hydromorphologiques de ces masses nécessaires à la concrétisation du bon état écologique entraînent des effets négatifs significatifs sur:
    - l’environnement au sens large.
    - la navigation, y compris les infrastructures portuaires ou récréatives.
    - les activités pour lesquelles l’eau est stockée: alimentation en eau potable, production d’énergie ou irrigation.
    - le régime des eaux, la protection contre les inondations, le drainage.
    - d’autres activités durables tout aussi importantes pour le développement humain.
    * les objectifs bénéfiques poursuivis par les caractéristiques artificielles ou modifiées de la masse d'eau ne peuvent, pour des raisons de faisabilité technique ou de coûts disproportionnés, être atteints raisonnablement par d'autres moyens qui constituent une option environnementale sensiblement meilleure.

  2. Type:
    Les masses d’eau de surface sont réparties en plusieurs types (typologie) en fonction de leurs caractéristiques. Cette répartition s’effectue sur la base de critères physiques et physico-chimiques (‘descripteurs’). La Directive-cadre (DCE) fixe des règles de répartition laissant aux États membres la liberté de choix entre deux systèmes. Le système A, relativement lourd, figure dans le texte de la DCE. Autre alternative, le système B qui se base sur une série de critères obligatoires et facultatifs destinés à décrire un type d’eau. Tous ces critères sont de nature hydromorphologique.
    À l’instar de la plupart de ses voisins, la Belgique a opté pour une typologie basée sur le système B.
    Les objectifs écologiques sont définis par type d’eau. Cette typologie constitue dès lors le point de départ pour l’élaboration d’objectifs écologiques.

  3. Normes de qualité environnementale
    = les normes de qualité environnementale déterminent les quantités maximales admissibles de facteurs polluants dans l’atmosphère, l’eau, les sédiments ou le biote ou le sol. Elles peuvent par ailleurs définir les éléments naturels ou autres qui doivent être présents dans l’environnement en vue de protéger les écosystèmes et de favoriser la diversité biologique.
    Les normes de qualité environnementale peuvent avoir un statut légal ou politique. Parallèlement, ces normes sont frappées par une obligation de résultats (elles ne peuvent pas être dépassées) ainsi que par une obligation de moyens (efforts à fournir pour les respecter). Le gouvernement applique des normes pour l’octroi des autorisations dans le cadre de la loi sur la gestion de l'environnement et de la loi sur la pollution de l’eau de surface.
    La Directive-cadre sur l’eau (Directive 2000/60/EC) fixe des normes pour l’eau. Ces normes DCE remplaceront les normes actuellement en usage. Une obligation de résultats frappe ces normes.

  4. ‘État’: s’applique aux masses d’eau de surface naturelles

  5. ‘Potentiel’: s’applique aux masses de surface artificielles ou fortement modifiées. Le potentiel écologique est évalué à l’aide des éléments de qualité du type de masse d’eau de surface le plus comparable en tenant compte des circonstances physiques induites par les caractéristiques artificielles ou fortement modifiées de la masse d’eau.

  6. État écologique: il est déterminé par l’effet combiné des éléments de qualité biologiques : phytoplancton, macrophytes, phytobenthos, macro-invertébrés et poissons et d’une série de paramètres hydromorphologiques (qualité structurelle du cours d’eau, méandres, puits causés par le courant d’eau…), chimiques et physico-chimiques.
    L’état écologique se décline en 5 classes d’état (très bon, bon, moyen, médiocre et mauvais).
    Les normes concernant les éléments biologiques, hydromorphologiques et physico-chimiques généraux sont spécifiques au type. Ces normes sont évaluées selon un système composé de cinq classes de qualité : ‘très bon’, ‘bon’, ‘moyen’, ‘médiocre’ et ‘mauvais’. Les polluants non prioritaires spécifiques peuvent être soit conformes soit non conformes à la norme, ce qui se traduit par deux classes de qualité: ‘bon’ et ‘pas bon’. Une masse d’eau atteint un bon état écologique uniquement lorsque tous les éléments de qualité topiques sont au minimum ‘bons’.

  7. État chimique: il est évalué sur la base des concentration en
    • substances prioritaires. Il s’agit de substances polluantes ou de groupes de substances qui constituent un risque à ce point élevé pour ou par l’environnement aquatique que des mesures de réduction prioritaires doivent être élaborées. Les normes de qualité environnementale concernant les substances prioritaires sont fixées au niveau européen dans la ‘Directive fille’ sur les substances prioritaires (2008/105/EG).
    • autres substances chimiques visées par une norme de qualité européenne.

    Contrairement à l'état écologique, il ne prévoit que deux classes d’état: le respect ou le non-respect de la norme (classe ‘bon’ ou ‘pas bon’). Le bon état chimique d’une masse d’eau est constaté lorsque la norme de qualité environnementale est atteinte pour chacune de ces 41 substances (conformément au principe ‘ One Out, All Out ’).

  8. EQR = Ecological Quality Ratio ou Ratio de qualité écologique (RQE): il traduit la valeur paramétrique d’un élément de qualité biologique par rapport à l’état de référence de ce paramètre. Le résultat s’exprime par une valeur numérique comprise entre 0 (valeur la plus faible : très forte influence anthropogénique) et 1 (valeur la plus élevée: très bon état écologique correspondant à l’état de référence).
1 Phytoplancton: plantes (algues) microscopiques, non fixées flottant donc librement
2 Phytobenthos: algues fixées à des pierres, plantes aquatiques… algues fixées ; en pratique, seules les diatomophycées ou diatomées figurent dans le système d’évaluation pour cet élément de qualité.
3 Macrophytes: toutes les plantes aquatiques et fluviatiles visibles à l’œil nu.
4 Macro-invertébrés: invertébrés visibles à l’œil nu (d’une taille supérieure à 0,5 mm).
5 En clair, pour une masse d’eau artificielle ou fortement modifiée, des normes environnementales peuvent s’appliquer pour un ou plusieurs éléments de qualité (paramètres), celles-ci s’écartent des normes de qualité environnementales spécifique au type général publiées au Moniteur belge du 9 juillet 2010. Ces normes ont été fixées dans le plan de gestion du district hydrographique de l’Escaut.


Retour >>

Le bassin de la Senne


Cliquez ici pour la carte du bassin de la Senne.

La Senne est une rivière transrégionale: elle prend sa source à Naast (Soignies) en Wallonie, passe par la Flandre et Bruxelles pour enfin se jeter dans la Dyle, dans les environs de Malines.
Lorsque nous parlons du bassin de la Senne, il s’agit de la Senne bien entendu, de ses affluents, c’est logique, mais il ne faut certainement pas oublier le cours d’eau qui est relié à la Senne: ‘le canal de la Senne’. Ce canal qui passe par Seneffe, Ronquières, Tubize, Hal, Bruxelles, Vilvorde, Willebroek et qui se jette dans l’Escaut à hauteur de Wintam puise en effet une partie de son eau dans d’anciens affluents de la rivière. Les liens entre ces 2 cours d’eau permettent à la Senne de déborder dans le canal et ainsi prévenir les inondations… A Bruxelles, c’est ce canal qui est devenu le véritable cours d’eau de la ville aux endroits où la rivière a disparu.

En Wallonie, la Sennette est le principal affluent de la Senne, le canal Charleroi-Bruxelles est quant à lui alimenté par le Hain, la Samme et la Thisnes.

En Région de Bruxelles-Capitale, le bassin de la Senne se compose e.a. de la Senne et de la Woluwe, toutes deux classées comme masses d’eau fortement modifiées avec pour type de référence respectif ‘grande rivière’ et ‘petit ruisseau’, du canal comme masse d’eau artificielle et de nombreux étangs. Bien qu’aucune obligation de rapport ne pèse sur les étangs, Bruxelles Environnement a malgré tout procédé à une évaluation biologique de ceux-ci sur la base de la méthode de la DCE. D’après cette analyse, les étangs sont considérés comme des masses d’eau fortement modifiées du type ‘lac’.

Dans la partie flamande du bassin de la Senne se trouvent 7 masses d’eau flamandes6. Outre le Zuunbeek et la Woluwe - que nous n’aborderons pas dans ces pages -, ces masses sont:

  • la Senne I (VL08_92) qui coule de la frontière avec la Région wallonne à Lembeek dans la Région de Bruxelles-Capitale à Anderlecht.
  • la Senne II (VL05_93) qui coule de Vilvorde jusqu’au point où les effets de la marée se font encore sentir, à Zemst.
La Senne I et la Senne II sont des masses d’eau fortement modifiées du type ‘grande rivière’.

  • La partie de la Senne soumise aux effets de la marée fait partie de la masse d’eau ‘ Dyle à marée et Senne à marée ’ (VL08_95). Cette masse d’eau fortement modifiée est du type ‘eau douce, estuaire de plaine mésotidal’.
  • Le canal Charleroi-Bruxelles (VL05_159) et le canal maritime Bruxelles-Escaut (VL05_181) sont des masses d’eau artificielles, le type qui s’en rapproche le plus étant celui de ‘ grande rivière ’. Le canal maritime Bruxelles-Escaut qui traverse le bassin de la Senne est classé dans le bassin du Bas-Escaut.
Masse d’eau: Naturelle Artificielle Fortement modifiée
Wallonie Hain canal Charleroi-Bruxelles Senne
Sennette I (47km)   Sennette II (4km)
Thisnes   Samme
Région de
Bruxelles-
Capitale
  canal Charleroi-Bruxelles Senne
  Canal maritime
Bruxelles-Escaut
Woluwe
    étangs
Flandre   canal Charleroi-Bruxelles Senne
  Canal maritime
Bruxelles-Escaut
Woluwe
    Zuunbeek

6 En Flandre, tous les cours d’eau possédant un bassin fluvial de plus de 50 km2, tous les canaux et les lacs d’une superficie de plus de 50 ha se classent dans ce que l’on appelle les 'masses d’eau flamandes' (202 au total). Les cours d’eau possédant un bassin fluvial de plus petite taille sont classés dans les masses d’eau locales.

Retour >>



Évaluation des incidences

Wallonie

Provenance des résultats

Service Public de Wallonie (SPW).

Qualité écologique

L’état écologique des masses d’eau constituant le sous-bassin de la Senne en Wallonie varient entre ‘mauvais’ et ‘moyen’. Le Hain étant par exemple considéré comme de mauvaise qualité et le Canal Charleroi-Bruxelles et la Thisnes de qualité moyenne.

Biologie
Les résultats pour la qualité biologique se situent entre la qualité mauvaise et moyenne à l’exception de l’ancien canal Charleroi-Bruxelles qui présente une bonne qualité biologique notamment au niveau du paramètre diatomée qui est très bon.

Hydromorphologie
Les données hydromorphologiques ne sont pas encore disponibles pour ces masses d’eau.

Physico-chimie
Globalement l’état physico-chimique des masses d’eau varie entre moyen et mauvais. Ces résultats sont dus principalement à des dépassements en matières azotées, phosphorées ou en oxygène dissous.

Qualité chimique

Les qualités chimiques des masses d’eau du sous-bassin de la Senne ne sont pas bonnes. Les paramètres déclassants sont entre autre des pesticides (diuron , isoproturon8), le cadmium ou les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP9).


Région de Bruxelles-Capitale

Malgré tous les instruments actuellement mis en œuvre, la Senne et le Canal sont considérés comme à risque chimique et écologique, et il est peu probable que ces deux masses d’eau atteignent les objectifs requis en 2015. Ces masses d’eau devront faire l’objet d’une demande de dérogation temporelle.

La Woluwe n’est pas considérée comme à risque chimique ni à risque écologique pour 2015. Sa relative bonne qualité actuelle, tant du point de vue chimique qu’écologique, devrait lui permettre assez facilement de remplir les objectifs de bon potentiel en 2015.

Les autres cours d’eau ne font actuellement l’objet que d’une surveillance limitée (eaux piscicoles) ou ponctuelle.

Enfin, si, d’un point de vue qualitatif, la plupart des étangs s’améliorent, les risques de crises écologiques restent importants pour bon nombre d’entre eux.

Provenance des résultats

Bruxelles Environnement (IBGE) - 2007-2008 (le rapport final détaillant les résultats concernant les années 2009-2010 n’est pas encore disponible).



Evaluation globale de la qualité écologique générale des principaux cours d’eau bruxellois et d’étangs de la Woluwe sur base du principe ‘One Out, All Out’ (symbole à gauche = évaluation 2004 ; symbole à droite = évaluation 2007). Sources: VAN TENDELOO et al. 2004 et TRIEST et al., 2008, études commanditées par l’IBGE

Qualité écologique

Biologie
L’amélioration récente de la qualité des eaux de la Senne se répercute déjà positivement au niveau de la vie aquatique présente dans ce cours d’eau en amont et en aval de la Région. En Région bruxelloise, une tendance positive semble s’amorcer, qui devra encore être confirmée dans le futur.
Entre 2004 et 2007, le nombre de sites où la qualité écologique globale de l’eau est moyenne à bonne est passé de 3 à 4 (sur 9 points de mesure).

Hydromorphologie
Pas de données disponibles.

Physico-chimie
La qualité physico-chimique et chimique des eaux de surface bruxelloises fait l’objet d’une surveillance régulière. Si les eaux de la Woluwe et, dans une moindre mesure, du Canal apparaissent relativement peu polluées, il n’en est pas de même pour la Senne. Les analyses mettent cependant en évidence une amélioration globale sensible de la qualité physico-chimique et chimique des eaux de la Senne à leur sortie du territoire régional.

Cette tendance se reflète dans l’évolution de plusieurs paramètres, en particulier:
• depuis 2006, augmentation des teneurs moyennes en oxygène dissous (indispensable à la vie aquatique et aux phénomènes d’autoépuration des cours d’eau);
• depuis 2004, réduction de la demande biologique en oxygène (indice de pollution par la matière organique);
• depuis 2004, réduction des concentrations en azote et phosphore (polluants responsables de l’eutrophisation des cours d’eau et de la mer du Nord).

Qualité chimique

Les 3 masses d’eau considérées sont de mauvaise qualité en ce qui concerne les substances dangereuses, et ce pour différentes raisons:
• Les métaux lourds n’affichent pas de dépassement dans aucune des masses d’eau.
• La situation des pesticides est plus nuancée: le Canal à l’entrée de la Région et la Senne, tant à l’entrée qu’à la sortie, affichent des dépassements en diuron; la Senne présente des dépassements en herbicide isoproturon tant à l’entrée qu’à la sortie de la Région.
• La présence en excès du DHEP10, polluant industriel, se marque dans le Canal en sortie de Région, et dans la Senne à l’entrée et à la sortie.
• Les HAP (6 de Borneff) sont présents en excès partout.

Pourtant, l’évolution positive physico-chimique se traduit également par un respect accru des normes de qualité des eaux.

Le respect total de l’ensemble des normes en vigueur s’avère toutefois particulièrement difficile pour la Senne. En effet, ce cours d’eau, à débit très limité, constitue le milieu récepteur des effluents des stations d’épuration Nord et Sud (1.460.000 EH11 au total) ainsi que de nombreuses stations localisées en amont. On estime que, par temps sec, son débit est constitué pour environ deux tiers des effluents des stations d’épuration. Son voûtement quasi intégral sur son parcours bruxellois et le caractère souvent artificiel de ses berges limitent également fortement les possibilités de développement de la vie aquatique et d’oxygénation.


Flandre

Provenance des résultats

Vlaamse Milieumaatschappij (VMM) - 2007-2009. Depuis 2010, les masses d’eau sont soumises à un deuxième tour d’évaluation.

Qualité écologique

Biologie
La qualité des différents éléments de qualité biologiques est indiquée dans le tableau 3. Selon l’élément, les trois masses d’eau de la Senne obtiennent un résultat médiocre ou mauvais. Le canal Charleroi-Bruxelles obtient un score médiocre: l’indice poisson joue ici un rôle décisif. Le canal maritime Bruxelles-Escaut enregistre des résultats disparates en ce qui concerne sa biologie.
En savoir plus >>

Hydromorphologie
Bien que les inventaires hydromorphologiques soient dressés depuis quelques années, cet élément ne fait pas encore l’objet d’une évaluation dans les masses d’eau flamandes.

Physico-chimie et chimie d’appui

Le tableau 1 décrit l’état des cinq masses d’eau citées ci-dessus pour ce qui concerne les éléments physico-chimiques soutenant la biologie en 2010. Les trois masses d’eau de la Senne décrochent un mauvais résultat alors que les canaux possèdent des eaux d’une qualité nettement meilleure (‘médiocre’ et ‘moyen’).
En savoir plus >>

Dans le tableau 2, le même exercice se répète au niveau du lieu de mesure. L’évaluation au niveau du lieu de mesure donne des résultats relativement homogènes pour toutes les masses d’eau.
En savoir plus >>

Qualité chimique

Le tableau 4 liste les substances dangereuses, par masse d’eau, qui dépassent la norme. Il s’agit de 41 substances déterminantes pour l’état chimique ainsi que d’autres polluants spécifiques.
En savoir plus >>

Retour >>


Dispositions et actions pour l’amélioration de la qualité des cours d’eau

Depuis plusieurs années déjà, différentes actions sont entreprises afin d’améliorer la qualité de nos cours d’eau. Ces actions sont variées. Il peut s’agir du traitement des eaux usées urbaines avec la construction de stations d’épuration, de la sensibilisation des agriculteurs pour une meilleure utilisation des pesticides ou de l’imposition de normes de rejets strictes aux industries.

Mais également d’autres types de mesures menées in situ apportent à l’atteinte du ‘bon état/potentiel écologique’ des masses d’eau, telles que, par exemple, la création d’un habitat aussi diversifié et naturel que possible, la limitation de l’ombrage et des chutes de feuilles occasionnés par la végétation surplombant les cours et plans d’eau, l’élimination de troncs et branches mortes présents dans l’eau, la mise à sec des étangs, la gestion écologique des berges, le contrôle des populations de poissons (charge et espèces) et d’oiseaux d’eau, l’augmentation de l’hétérogénéité des vitesses des courants, la suppression des obstacles à la migration des poissons, la lutte contre les floraisons algales (cyanobactéries), la lutte contre les espèces exotiques, etc.

Dans les années futures, dans les trois régions, l’application de plans de gestion en cours de réalisation permettront d’améliorer encore la qualité de nos rivières et canaux. p.ex.:

En Région Bruxelles-Capitale, un programme de réduction des HAP / 6 de Borneff14, d’une durée de 5 ans, a été mis en place en 2005. Il devra être renouvelé en 2011 puisque les concentrations ne sont toujours pas passées sous la norme de 0,1 µg/l même si elles s’en rapprochent depuis 2008. Pour le Canal, plan d’eau artificiel aux rôles multiples dans la Région (port, navigation, bassin d’orage, pôle économique, …), l’application d’un plan de gestion des boues, comme prévu dans le Plan régional de gestion des Déchets, est essentiel.
Etant donné l’état actuel des différentes masses d’eau, il est probable que l’objectif fixé sera d’atteindre un bon état à l’horizon 2021 ou 2027 en fonction de la masse d’eau considérée.
Pour les années récentes, l’évolution positive la plus marquée au niveau de la Senne est due à la mise en fonctionnement de la station d’épuration Bruxelles-Nord.
Les concentrations à l’entrée ont également diminué au cours de ces dernières années, entre autres suite à la mise en place de stations d’épuration en amont de la Région: Nivelles (2000), Beersel (2005), St-Pieters-Leeuw (2009), ...

7 Diuron: désherbant aux effets à long terme, souvent utilisé comme herbicide total. En 2002, tous les agréments pour les produits contenant du diuron ont été retirés en Belgique (à l’exception d’un petit nombre de produits contenant une faible quantité de diuron). Les stocks existants pouvaient être utilisés jusqu’au 12 avril 2004.
8 Isoproturon: herbicide utilisé dans la culture des céréales.
9 HAP (hydrocarbures aromatiques polycycliques) : groupe de substances libérées en cas de combustion partielle, d’usure de l’asphalte, de fuite de pétrole. Les principales émissions proviennent de la circulation (gaz d’échappement, fuites de moteur, usure du revêtement autoroutier). L’un des principaux trajets de propagation dans l’environnement des HAP est l’air, suivi par les dépôts dans l’eau.
10 DEHP = Di(2-ethylhexyl)phtalate: composé organique nocif (formule chimique: C24H38O4). Il s’agit d’un liquide visqueux incolore ou légèrement coloré, à l’odeur caractéristique, insoluble dans l’eau. Le DEHP s’utilise comme plastifiant dans la production de PVC (Polychlorure de vinyle). Les plastiques contiennent de 1 % à 40 % de DEHP. Cette substance s’utilise également dans des condensateurs, c’est aussi un solvant essentiel en chimie organique.
11 EH: Equivalent Habitant
14 HAP: hydrocarbures aromatiques polycycliques; 6 de Borneff; un groupement de 6 HAP (Fluoranthène - Benzo(b)fluoranthène - Benzo(k)fluoranthène - Benzo(a)pyrène - Benzo(ghi)perylène - Indeno(1,2,3-cd)pyrène)


Retour >>


Avec nos remerciements à:
  • Thierry Warmoes, responsable de l’Equipe de mesure des Eaux de surface: Démer, Dyle, Meuse - VMM, Service Reporting
  • Catherine De Raedt, responsable infrastructure sous-bassin de la Dyle - Aquafin NV
  • Sandrine Dutrieux, Bruxelles-Environnement (IBGE)
  • Jérôme Delvaux, Service public de Wallonie (SPW), Direction générale Agriculture, Ressources Naturelles et Environnement, Département de l'Environnement et de l'eau / Direction des eaux de surface
Retour vers le sommaire >>